François Fétis’ Soiree
Brussels
↓Programme
Piano Etudes | Mr. Moscheles | |
Free Piano Fantasia | Mr. Moscheles | |
Grand Trio for Piano, Violin and Violoncello (Op.84) | Mr. Moscheles, M. de Bériot, M. Mira | Moscheles |
Violoncello Concerto, Fragments | M. de Bériot | |
Violoncello and Piano Duet | M. de Bériot, Mr. Döhler |
Principal Instrumentalists: Messrs. Döhler, Moscheles, M. de Bériot, M. Mira |
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Review
Revue et Gazette Musicale de Paris (October 23, 1842): 422-423.
Bruxelles, 17 octobre.
…Moschelès, venant de Hambourg et se rendant à Londres, a voulu s’arrêter quelques heures à Bruxelles pour les consacrer à M. Fétis, avec qui il entretient depuis long-temps des relations d’amitié. Dans une soirée organisée par celui-ci à l’improviste, l’habile pianiste a fait entendre quelques unes de ses dernières productions. Un des morceaux les plus intéressants a été un trio pour le piano, violon et violoncelle, dans lequel Moschelès a été secondé par de Bériot et par Demunck, le jeune artiste engagé par M. Mira. De Bériot a joué ensuite des fragments d’un de ses concertos et un duo sur des motifs de Robert-le-Diable, pour lequel Dœhler lui a servi de partner. Enfin, Moschelès a terminé par des études et par une de ces improvisations où il fait preuve d’un si grand savoir musical. Au milieu de tant de spécialités brillantes qui se sont créées depuis dix ans dans l’art déjouer du piano, Moschelès a conservé la sienne ; il est encore le pianiste penseur par excellence. C’est évidemment de tous celui qui a le plus d’idées, celui qui allie au plus haut degré la science et l’imagination, deux choses qui ne sont pas incompatibles, quoi qu’en disent certaines personnes. Ce qu’on ne saurait trop admirer, c’est que Moschelès a su conserver toute sa fraîcheur de pensée au milieu d’occupations bien faites pour éteindre le génie et qui causent ordinairement cet effet. Depuis qu’il habite Londres, c’est-à-dire depuis plus de vingt ans, Moschelès est, non pas l’un des professeurs, mais le seul professeur de piano adopté par la fushion ; sa clientèle se compose de tout ce que la capitale de l’Angleterre renferme de familles de haut rang. Pendant la saison, il donne des leçons depuis sept heures du matin jusqu’à dix heures du soir ; il dîne souvent dans sa voiture et passe des semaines entières sans embrasser ses enfants. Il y a peu de têtes, même bien organisées, qui puissent résister à un pareil métier ; il fallait que celle de Moschelès fût doublement forte. L’habile artiste a dû s’embarquer à Anvers avant-hier, et dix-huit heures après, à moins d’une tempête, il abordait aux rives de la perfide Albion.