15 December 1835

Vocal and Instrumental Concert by Ignaz Moscheles

 

Brussels: Salle du Grand-Concert, rue Ducale

Time: Evening, Seven o’Clock

Tickets: 5 francs

Programme

*From Anna Bolena: SceneMlle DeroyDonizetti
*From Nina: SceneMlle DeroyRossini
Part I  
Overture, Oberon Weber
From La donna del lago
Cavatina, ‘Elena! oh tu, ch’io chiamo’
Mlle VanderperrenRossini
Piano Concerto No.6 in B flat major,
Fantastique
Mr. MoschelesMoscheles
From Il matrimonio segreto: TrioMlles Deroy, de Pauw, VanderperrenCimarosa
Part II  
Overture, Otello Rossini
Piano Fantasia, The Recollections of Ireland  
with Orchestral Accompaniments
Mr. MoschelesMoscheles
From I Capuleti e I Montecchi: AirMlle VanderperrenBellini
Flute SoloMaster AertsArranged by M. Lahou
Free Piano Fantasia, incl. Alice’s Air from
Robert le diable, Weber’s ‘La Dernière Pensée’, and couplet from Der Freischütz
Mr. Moscheles 
Principal Vocalists: Mlles Deroy, de Pauw, Vanderperren  
Principal Instrumentalists: Mr. Moscheles, Master Aerts
Conductor: Monsieur François-Joseph Fétis

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L’Emancipation (December 8, 1835): 2.

—M. Moscheles, le célèbre pianiste, qui est depuis quelques jours en cette ville et qui est descendu à l’hôtel de l’Europe, se propose de donner un grand concert avant son départ.

Journal de pièces officielles (December 9, 1835): 2.

—M. Moschèles, le celébre pianiste, qui est depuis quelques jours en cette ville, et qui est descendu à Hôtel de l’Europe, se propose de donner un grand concert avant son départ.

L’Emancipation (December 9, 1835): 2.

CONCERT DE M. MOSCHELÈS.

Le célèbre pianistes, M. Moschelès est en cette ville depuis quelques jours. Sollicité de donner un concert, il a cédé aux instances de ses amir. Ce concert aura lieu sous la direction de M. Fétis, dans la salle du grand concert, rue Ducale, mardi 15 décembre à 7 heures du soir.

On peut dès ce moment se procurer des billets au prix de 5 francs :

Chez Mme Jorez-Nollot, marchande de musique, Montagne de la Cour ;

Chez M. Lahou, professeur et marchand de musique, rue de la Madelaine ;

Chez M. Messemaekers, rue de Loxum.

L’Indépendant (December 9, 1835): 4.

CONCERT DE M. MOSCHELÈS.

Les amateurs de musique et particulièrement le grand nombre de personnes qui cultivent le piano, apprendront avec un vif plaisir que le célèbre artiste, M. Moscheles, s’est décidé à donner un concert pendant son séjour en cette ville. L’empressement sera d’autant plus grand, que cette soirée sera la senis où le virtuose se fera entendre.

Le concert aura lieu dans la grande salle de la rue Ducale, mardi 15 décembre, à 7 heures du soir.

On peut dès ce moment se procurer des billets ou se faire inscrire ;

Chez Mme Jorez Nolot, marchande de musique, Montagne de la cour

Chez M. Lahon, rue de la Madelaine.

Chez M. Messemaekers, professeur et marchand de musique, rue de Loxum.

L’Indépendant (December 10, 1835): 3.

SALLE DU GRAND CONCERT

Rue Ducale.

M. Moschelès, professeur de l’Académie royale de musique à Londres, se propose de donner mardi, 15 décembre, à 7 heures du soir, un grand concert vocal et instrumental, dans lequel il exécutera :

1o Concerto fantastique (manuscript) pour piano et orchestre ;

2o Choix d’études composées par lui ;

3o Souvenirs d’Irlande, grande fantaisie pour piano et orchestre ;

4o Improvisation au piano sur ou plusieurs thêmes qui lui seraient indiqués.

Ce concert, dirigé par M. Fétis, est le seul qui sera donné par M. Moscheles pendant son séjour à Bruxelles.

On peut se procurer des billets d’avance, à 5 francs, chez Mme Jorez-Nolot, marchande de musique, Montague de la cour ; chez M. Lahou, rue de la Madelaine, et chez M. Messemaekers, professeur et marchand de musique, rue de Loxum.

Journal de pièces officielles (December 11, 1835): 4.

SALLE DU GRAND-CONCERT, RUE DUCALE.

M. MOSCHELES, professeur de l’Académie royale de musique à Londres, se propose de donner, mardi 15 décembre 1835, à 7 heures du soir, un grand concert vocal et instrumental, dans lequel il exécutera :

1o Concerto fantastique (manuscrit) pour piano et orchestre ;

2o Choix d’études composées par lui ;

3o Souvenirs d’Irlande, grande fantaisie pour piano et orchestre ;

4o Improvisation au piano sur ou plusieurs thêmes qui lui seront indiqués.

Ce concert, dirigé par M. Fétis, est le seul qui sera donné par M. Moscheles pendant son séjour à Bruxelles.

On peut se procurer des billets d’avance, à 5 francs, chez Mme Jorez-Nollot, marchande de musique, Montague de la Cour ; chez M. Lahou, professeur et marchand de musique, rue de la Madelaine, et chez M. Messemaekers, professeur et marchand de musique, rue de Loxum.

Le Belge (December 14, 1835): 4.

SALLE DU GRAND-CONCERT, RUE DUCALE.

GRAND CONCERT VOCAL ET INSTRUMENTAL,

donné

PAR M. MOSCHELÈS,

Professeur à l’académie royale de musique, à Londres,

Mardi 15 décembre 1835, à 7 heures du soir.

PROGRAMME.

Première Partie.—1o Ouverture d’Oberon, musique de C. M. DE WEBER, à grand orchestre ;

2o Air d’Anna Bolena, musique de DONIZETTI, chanté par Melle DEROY ;

3o Concerto fantastique, (Manuscrit), pour piano et orchestre, composé et exécuté par M. MOSCHELÈS ;

4o Trio du Matrimonio Segreto, musique de CIMAROSA, chanté par Melles DE PAUW, VAEDERFERREN, et DEROY.

Deuxième Partie.—1o Ouverture d’Otello, musique de ROSSINI, à grand orchestre.

2o Souvenirs d’Irlande, grande fantaisie pour piano et orchestre, composée et exécutée par M. MOSCHELÈS;

3o Air de J. Monthechie Capuleti, musique de BELLINI ; chanté par Mlle VANDERPERREN ;

4o Solo pour flûte, exécuté par M. AERTS, âgé de 10 ans ;

5o Improvisation au piano, par M. MOSCHELÈS (sur un ou plusieurs thèmes qui lui seraient indiqués).

Ce concert, le seul qui sera donnée par M. MOSCHELÈS, pendant son séjour à Bruxelles, sera dirigé par M. Fétis.

Ou peut se procureur des billets d’avance, chez Mme Jorez Nolot, march and de musique, Montagne de la Cour ;

Chez M. LAHOU, professeur et march and de musique, rue de la Made laine.

Chez M. MESSEMAEKERS, professeur et marchand de musique, rue de Loxum.

Ce concert le seul qui sera donné par M. MOSCHELÈS, pendant son séjour à Bruxelles, sera dirigé par M. Fétis.

L’Emancipation (December 14, 1835): 3.

SALLE DU GRAND-CONCERT, RUE DUCALE.

GRAND CONCERT VOCAL ET INSTRUMENTAL,

DONNÉ PAR M. MOSCHELÈS,

Professeur à l’Académie royale de musique à Londres,

Mardi 15 décembre 1835, à 7 heures du soir.

PROGRAMME.

PREMIÈRE PARTIE.—1o Ouverture d’Oberon, musique de C.-M. de Weber à grand orchestre ;

2o Air d’Anna Bolena, musique de Donizetti, chanté par Mlle Deroy ;

3o Concerto fantastique (manuscrit), pour piano et orchestre, composé et exécuté par M. Moschelès ;

4o Trio du Matrimonio Segreto, musique de Cimarosa, chanté par Mlles de Pauw, Vanderperren et Deroy.

DEUXIÈME PARTIE.—1o Ouverture d’Otello, musique de Rossini, à grand orchestre.

2o Souvenirs d’Irlande, grande fantaisie pour piano et orchestre, composée et exécutée par M. Moschelès ;

3o Air de J. Monthechie Capuleti, musique de Bellini ; chanté par Mlle Vanderperren ;

4o Solo pour flûte, exécuté par M. Aerts, âgé de 10 ans ;

5o Improvisation au piano, par M. Moschelès (sur un ou plusieurs thèmes qui lui seraient indiqués).

Ce concert, le seul qui sera donnée par M. Moschelès, pendant son séjour à Bruxelles, sera dirigé par M. Fétis.

Ou peut se procureur des billets d’avance, chez Mme Jorez Nolot, march and de musique, Montagne de la Cour ;

Chez M. LAHOU, professeur et march and de musique, rue de la Made laine.

Chez M. MESSEMAEKERS, professeur et marchand de musique, rue de Loxum.

L’Indépendant (December 14, 1835): 4.

PROGRAMME.

Du grand concert vocal et instrumental donné à la salle du Grand Concert, rue Ducale, par M. Moschelès, professeur à l’Academie royale de musique, à Londres, mardi 15 décembre, à 7 heures du soir.

PREMIÈRE PARTIE.

1o Ouverture d’Oberon, musique de C. M. De Weber à grand orchestre ;

2o Air d’Anna Bolena, musique de Donizetti, chanté par Mlle Deroy ;

3o Concerto fantastique (manuscrit), pour piano et orchestra, compose et exécuté par M. Moschelès ;

4o Trio du Matrimonio Segreto, musique de Cimarosa, chanté par MMlles de Pauw, Vanderperren et Deroy.

DEUXIÈME PARTIE.

1o Ouverture d’Otello, musique de Rossini, à grand orchestre ;

2o Souvenirs d’Irlande, grande fantaisie pour piano et orchestre, composée et exécutée par M Moschelès ;

3o Air de i Monthecchi e Capuleti, musique de Bellini, chanté par Mlle Vanderperren ;

4o Solo pour flûte, exécuté par M. Aerts, âgé de 10 ans ;

5o Improvisation au piano ( ), par M. Moschelès (sur un ou plusieurs thèmes qui lui seraient indiqués.)

Ce concert, le seul qui sera donné par M. Moschelès, pendant son séjour à Bruxelles, sera dirigé par M. Fétis.

Ou peut se procureur des billets d’avance, chez Mme Jorez Nolot, march and de musique, Montagne de la Cour.

Chez M. Lahou, professeur et march and de musique, rue de la Madelaine.

Chez M. Messemaekers, professeur et marchand de musique, rue de Loxum

Reviews

L’Indépendant (December 16, 1835): 3.

—Le concert donné hier par M. Moschelès, avait attiré la foule. Nous rendrons compte de cette belle soirée musicale.

L’Emancipation (December 17, 1835): 3.

—CONCERT DE M. MOSCHELÈS.—Un public nombreux s’était donné rendez-vous, avant-hier, dans la Salle du Grand-Concert, pour entendre le célèbre pianiste. Les differens morceaux qu’il a exécutés, ont été couverts d’applauidissemens. Les Souvenirs d’Irlande, et l’improvisation de M. Moschelès sur trois thèmes : (La Dernière Pensée de Weber, quand je guittai la Normandie, et un air de Guillaume-Tell) ont surtout excité un vif enthousiasme. Le talent prodigieux, sur la flûte, du jeune J. Aerts, virtuose, âgé seulement de dix ans, a causé autant de surprise que d’admiration.

L’Indépendant (December 17, 1835): 3.

—Le Journal de la Belgique annonce que le jeune Aerts, au concert de Moschélès, a joué un solo de violon, sur le thême Bonheur de se revoir. Celui qui a donné cette nouvelle au Journal de la Belgique s’est moqué de lui. Le jeune Aerts joue de la flûte et non du violon, et il a joué, avec un talent supérieur un admirable solo arrangé par M. Lahou, son professeur. Cet enfant, à peine âge de 10 ans, est un véritable prodige.

Le Belge (December 20, 1835): 2.

—Le concert de M. Moschelès avait attiré mardi soir un auditoire considérable au concert noble : la salle était véritablement encombrée. Cette soirée a été un véritable triomphe pour l’admirable pianiste. Le concerto fantastique qu’il a exécuté avec une hardiesse, une pureté et un charme inexprimables, a été couvert d’applaudisemens unanimes et long-temps prolongés. L’enthousiasme du public a surtout éclaté lorsqu’avec la plus étonnante facilité M. Moschelès a improvisé un morceau sur les motifs demandés par le public de Robert le Diable et Robin des Bois.

Mademoiselle Deroy dans une belle cavatine de la Dame du Lac a obtenu tous les suffrages. Elle possède un beau contralto : son chant se distingue par une méthode excellente ; sa voix est pure, nette ; elle aborde la note avec franchise, et tout annonce en elle une artiste distinguée qui sent vivement ce qu’elle exprime. Depuis la dernière fois que nous l’avions entendue, Mle. Deroy a fait beaucoup de progrès, et nous l’en félicitons.

Nous regrettons de ne pouvoir dire la même chose de Mlles Vanderperren et Depauw, qui nous semblent rester stationnaires. La première de ces deux personnes possède pourtant un bel instrument qu’elle mène avec art Il ne tient qu’à elle de devenir une cantatrice excellente ; mais il faut qu’elle veuille le devenir, et qu’elle travaille au lieu de s’endormir sur les applaudissemens qu’elle recueille.

Il parait qu’on ne peut plus donner un concert sans y faire entendre un enfant ; au concert de l’hôtel-de-ville, le jeune Benda a exécuté fort bien un morceau sur le piano, mais son talent n’offrait encore rien d’assez remarquable pour le faire connaitre du public, et nous craignons que les applaudissemens donné à la jeunesse de l’artiste, ne soient plus propre à l’arrêter qu’a l’encourager. Nous ne serons pas aussi sévères pour M. Aerts que nous avons entendu au grand concert dans un solo de flûte, quoi qu’il ne soit âgé que de 10 ans, c’est déjà un véritable artiste. Nous ne croyons pas pouvoir faire un plus bel éloge du jeune musicien.

L’Indépendant (December 20, 1835): 2-3.

CONCERT DE M. MOSCHELÈS.

Si je ne suivais l’ordre chronologique, c’est de ce concert que j’aurais voulu vous parler d’abord, non seulement à cause du grand mérite de l’artiste, mais encore à cause de l’excellent choix des morceaux offerts au public. Weber, Cimarosa, Rossini, Donizetti, ont fait les frais de cette soirée. Il ne manquait là que le nom de Beethoven, mais on ne peut pas tout avoir en un jour.

Le concert a commencé par l’ouverture d’Oberon. Ce morceau est trop connu pour qu’il sort utile d’en parler longuement. Je dirai seulement que l’exécution a été digne de cette excellente partition, et fait le plus grand honneur aux élèves du Conservatoire et à leur directeur. La Cavatine Elena ! o tu che chiamo ! de la Donna del Lago, qui a suivi, est un morceau exquis L’allegro est d’une suavité charmante. Mlle Vanderperren qui a chanté ce morceau, a comme on sait une forte belle voix, mais cette voix manque de mordant, je ne sais si c’est défaut d’art, où s’il faut attribuer cette circonstance à la nature seule. Je dirai franchement aussi que les progrès de cette jeune artiste, ne répondent pas à l’espoir qu’on en avait conçu. Son chant manque de netteté et d’agilité. Il lui est difficile de bien rendre les mouvemens rapides. D’autre part je ne comprends pas pourquoi lorsque Mlle Vanderperren chante de l’italien elle se croit dans l’obligation de donner de la rudesse à cette langue qui a tant de douceur. Les sons qui sortent de sa bouche sont étouffés et sa voix est grossie d’une manière désagréable. Le trio du Matrimonio segreto a été fort bien chanté par MMlles De Pauw, De Roy et Vanderperren. Il a produit un effet des plus agréables. Mlle De Pauw y a été charmante. L’air d’Anna Bolena qu’a chanté Mlle De Roy est un des plus beaux de Donizetti. Mlle De Roy y a fait preuve de beaucoup de talent ; cette jeune artiste possède une très belle voix et ses progrès sont rapides et bien marqués. Sa vocalisation est nette et bien accentuée ; son chant rempli d’aplomb et de goût ; elle file avec aisance les fiorituré ; si elle persevére dans ses études je ne doute pas qu’elle ne devienne un jour une cantatrice fort distinguée.

Quelques mots pour un petit enfant de dix ans, le jeune Aerts, déjà grand par sou talent. En vérité, j’ne puis comprendre comment, à son âge, il a pu parvenir à une telle perfection sur la flûte. Son jeu est bien accentué, bien raisonné ; il y a toute la finesse d’esprit d’un artiste de trente ans. Il est impossible de mettre et plus d’expression et plus d’art el plus de tact qu’il n’en a mis dans les variations qu’il a jouées, sur l’air : Bonheur de se revoir ! de Mme Malibran ! on sait que cet enfant, né à Boom de parens peu aisés (1) est venu depuis deux ans étudier au Conservatoire. Il y a fait des progrés [sic] tellement rapides que son maître, M. Lahou, dort s’attendre à être bientôt surpassé. Six fois le public a interrompu le jeune Aerts pour l’applaudir ; et à la fin une triple salve d’applaudissemens frénétiques a témoigné de l’effet que ce merveilleux enfant avait produit sur son auditoire. Le père du jeune artiste était là pour jouir de sen triomphe. Il a du être satisfait.

L’impossibilité pour le piano de conserver long-temps et même de recevoir jamais un accordement parfaitement juste ; l’impossibilité de varier sa sonorité ; l’impossibilité de filer un son, d’accentuer un chant, d’enfler ou de diminuer graduellement un trait ; l’impossibilité d’éteindre la note, quand cesse sa valeur métrique ; tous ces défauts irrémédiables produisent  en général, sous le toucher de la médiocrité, un décousu de chant, un pêlemêle d’harmonie, un bourdonnement, enfin, d’une éclatante, mais très lassante monotonie. Le grand art de M. Moschelès, ce n’est point d’avoir se corriger en tierement ces vices origineles, c’est de la compenser par des qualités toutes spéciales, c’est de s’être crée sur cet instrument, si beau parfois, si fastidieux souvent, et si borné toujours, un style aussi coloré, aussi nuance que possible.

Comme accompagnateur de grand concert, et comme solo de petit appartement, le piano est à coup sur le premier de nos instrumens. Il est fâcheux que les dix-neuf vingtièmes des exécutans se plaisent à dénaturer ses précieuses qualités, et, abusant de la merveilleuse docilité de ses touches, a en fussent qu’un détestable bavard. Est-il rien d’ennuyeux, rien d’insupportable comme ces éternelles dégringolades, ces ascensions, ces chapelets de notes qui se pressent avec une incalculable rapidité, sans qu’au milieu de tant de sons perdus, l’oreille paisse distinguer le moindre semblant d’idée ! Le piano joué ainsi n’est plus à la musique expressive, la seule musique valable, que ce qu’est la danse de corde à la danse des Taglioni et des Elssler.

M. Moscheles préfère la pensée au tour de force : ses compositions et sou style se distinguett par une correction de dessin qui n’a rien de mesquin, rien pu arriver le 16 â Toulon. Mais à la date de cette lettre, l’expédition n’était pas commencée, et celui qui l’écrivait pouvait penser qu’a l’époque qu’il assignait, au départ de S. A. R., l’expédition serait terminée. C’est sans doute sur la foi de cette lettre que le Temps a rédigé sa nouvelle. Corresp.

Gazette Musicale de Paris (January 24, 1836): 29-31.

Bruxelles, le 20 janvier 1836.

MOSCHELÈS.

Le célèbre pianiste Moschelès, retournant de Hambourg à Londres, a pris, avec toute sa famille, sa route par la Hollande et la Belgique. Ses pas n’ont été marqués que par les succès de son immense talent. A Amsterdam, à Rotterdam, à La Haie, il a donné des concerts, où les nombreux amateurs de bonne musique, que renferme la Neerlande, s’étaient réunis pour admirer et applaudir le virtuose et le compositeur. A Anvers, M. Moschelès n’a pu donner qu’un seul concert, à cause des tracasseries qui lui ont été suscitées par le directeur du spectacle. Plus heureux à Bruxelles, il a trouvé, dans les souvenirs qu’il y avait laissés, de puissants auxiliaires qui ont fait écarter tous les obstacles. Deux sociétés musicales (celles du Grand-Concert et de l’Hôtel d’Angleterre) se sont empressées de seconder les vues de l’artiste célèbre et de lui faire les honneurs de la ville. Rien de plus significatif en faveur du talent de M. Moschelès que cet empressement d’une population qui se montre eu général assez indifférente pour les concerts.

….

Cette brillante soirée [à la société de l’Hôtel d’Angleterre] n’a été que le prélude du concert que M. Moschelès a donné ensuite, dans la belle salle de la rue Ducale. La société du Grand-Concert, qui est en possession de celte salle, s’était empressée de la mettre à la disposition du célèbre artiste, et s’était chargée de son éclairage en bougies. L’orchestre du Conservatoire, réuni sous la direction de son chef, seconda M. Moschelès avec tout le zèle qui était dû à son beau talent, et en a été récompensé lorsque ce digne artiste a déclaré qu’il n’avait jamais été aussi bien accompagné. Certes, cet éloge est de quelque prix, car je ne pense pas qu’il y ait de musique aussi difficile à bien rendre que le concerto fantastique pour le piano, que M. Moschelès vient de composer et qu’il a exécuté à ce coneert [sic]. Parlons de cette belle et importante composition.

Tout le monde l’avoue, les formes du concerto ancien sont usées parce qu’elles sont trop connues, trop convenues, j’oserais dire, et parce que le retour périodique des idées y est prévu d’avance. Depuis long-temps, les inconvénients de ces formes du concerto sont reconnues, et l’on a essayé de s’y soustraire en adoptant une nouvelle coupe de concertino, composée d’un premier morceau de mouvement allegro, d’un adagio ou andante, et enfin d’un dernier mouvement vif. Mais on ne s’est point aperçu qu’on gagnait peu de chose à ce changement, puisqu’n ne faisait que substituer une forme symétrique à une autre. Ce n’est point ainsi qu’on pouvait innover d’une manière heureuse dans le concerto, car toutes les parties de ce genre de symphonie avaient besoin d’être refaites sur un nouveau plan qui ne devînt pas conventionnel ; M. Moschelès a rempli à cet égard toutes les conditions désirables, et son concerto inédit, auquel il a donné le nom de fantastique, me paraît digne d’être compté au nombre des compositions les plus originales et les plus importantes de son espèce. On voit que, bien qu’on m’accuse d’être classique, moi, le plus chaud partisan de la nouveauté réelle, belle, inspirée, et non grimacière ou furieuse, je ne m’effarouche pas d’un titre.

Ce n’est pas seulement une formule nouvelle que je trouve dans le concerto de Moschelès, ce sont des mélodies, des formes de traits, une harmonie, une instrumentation, une combinaison de l’orchestre et de l’instrument principal, qui ne ressemblent à rien de ce qu’on a fait jusqu’ici. Et d’abord, cette combinaison de l’orchestre avec le piano, me paraît être, par l’effet qu’elle produit, un chef-d’œuvre du genre. Les concertos de piano de Mozart, le cinquième concerto de piano de Beethoven (en mi bémol), et son concerto de violon renferment certainement des choses d’une grande beauté, mais c’est aux dépens de la partie principale, qui n’est qu’une fraction de l’ensemble, et qui, en général, manque un peu de brillant. De là vient que les virtuoses jouent peu cette musique, qui est difficile et qui ne proeure [sic] pas de ces succès d’éclat qu’ils recherchent tous. Moschelès, tout en faisant de la musique de musicien, de la musique combinée d’une multitude d’effets d’ensemble, a trouvé le moyen de ne rien enlever à la partie principale de sa prépondérance et de son caractère brillant. C’est une sorte de tour de force qui n’a pu être réalisé que par un grand musicien et un grand pianiste réunis dans la même personne. A ce mérite unique, est joint celui d’une riche fantaisie de motifs, de modulations et de traits inattendus. Ce morceau, bien qu’assez long et d’un caractère mélancolique, a excité le plus vif enthousiasme dans la plus nombreuse assemblée qui ait peut-être jamais été rassemblée pour un concert à Bruxelles. Il est vrai, qu’au mérite très-considérable de la composition était réuni le mérite d’une exécution dont la perfection est vraiment admirable. Il est vrai encore que l’orchestre, électrisé par l’artiste, dont il avait bien compris les fantastiques inspirations, s’est prêté avec une rare intelligence à toutes les variations de mouvements, aux accélérations de vitesse et aux ralentissements progressifs dont tout le concerto est rempli, et qui en rendent l’exécution d’une difficulté excessive. Il semblait que toute cette masse d’instruments était jouée par un seul artiste, animé de l’âme de Moschelès.

L’admiration, excitée par ce morceau remarquable, s’est encore accrue par le talent prodigieux, déployé par l’artiste dans une improvisation sur des thèmes qui lui avaient été indiqués par des personnes de l’auditoire. Les thèmes étaient l’air d’Alice, au deuxième acte de Robert le Diable, les couplets de Richard, dans le Fréyschùtz, et la Dernière Pensée, attribuée à Weber. J’ai souvent entendu Moschelès improviser, et presque toujours d’une manière remarquable, mais en cette circonstance, il m’a paru s’être élevé au-dessus de tout ce que j’avais entendu, et même de ce que je croyais possible ; car le plan de son improvisation n’était pas établi sur des variations successives des différents thèmes. Après une introduction, disposition banale, dans laquelle rentrent toutes les fantaisies, et dans laquelle les artistes ne se distinguent que par leur habileté à développer le motif, Moschelès, s’emparant de ses trois motifs comme devant former un seul tout, a fait entendre d’abord une fantaisie libre, de son imagination, où de légères indications de thèmes étaient jetées çà et là pour préparer l’oreille à les entendre développer. Puis ces thèmes ont apparu successivement, ont été travaillés seul à seul par le célèbre pianiste, se liant l’nn [sic] à l’autre par les transitions les plus heureuses, puis ils ont été réunis et se sont servis mutuellement d’accompagnement avec un art infini, bien, qu’en apparence, il n’y ait aucun rapport entre eux. Et dans tout cela, point d’hésitation, point de tâtonnements ; partout une pensée nette, riche d’imagination, mais admirablement bien réglée. Ajoutez-y le mérite d’une exécution, tantôt foudroyante, tantôt élégante et délicate, et vous aurez à peine une idée de l’immense mérite de cette improvisation, qui a porté le plaisir des artistes jusqu’au plus vif enthousiasme.

Au sein des émotions, produites par Moschelès, comme compositeur et comme pianiste, il était difficile que d’autres choses fixassent l’attention, et pourtant deux élèves du Conservatoire ont pu se faire applaudir avec transport dans un voisinage si dangereux. L’un, M. Aerts, âgé de dix ans et demi, est un jeune flûtiste, élève de M. Lahon. Cet enfant possède une de ces organisations rares qui font de grands artistes dès le berceau. Il y a tant d’àme dans ce petit corps, un sentiment si exquis du beau, une embouchure naturelle si parfaite, un art si rare de donner le souffle sans qu’on aperçoive aucune fatigue, que je ne connais pas d’artiste qui pût se flatter de lutter avec quelque espoir d’avantage contre ce faible enfant. Frappé d’étonnement et d’admiration, M. Moschelès a proclamé le jeune Aerts un grand artiste.

L’autre élève dont je veux parler est Mlle Deroy, aussi remarquable par la beauté de sa voix que par l’expression de son chaut et la légèreté de sa vocalisation. Dans une scène d’Anna Bolena, puis dans une autre de Norma, Mlle Deroy a fait preuve d’un beau talent et a recueilli de vifs applaudissements. Moschelès a témoigné hautement son étonnement de rencontrer dans un élève un talent déjà si formé et des qualités si rares. Il y a pour Mlle Deroy un avenir bien riche de succès. Ces succès sont d’autant plus certains pour elle, qu’elle ne se montre pas pressée d’eu jouir, et qu’elle comprend bien les avantages d’une éducation. Dans un an, tout sera dit pour elle dans l’école ; elle ira alors achever de s’instruire au théâtre et avec les avertissements du public.

Bien des sollicitations étaient adressées à Moschelès pour qu’il donnât un deuxième concert, mais, pressé de retourner à Londres, il n’a pu se rendre aux vœux qui lui étaient exprimés, et a dû refuser aussi les offres qui lui étaient faites à Liège, Gand et Lille. Il s’est rendu directement à Calais pour s’y embarquer.

Allgemeiner musikalischer Anzeiger (February 25, 1836): 30-31.

Moscheles hat in Brüssel Concert gegeben und ein dortiges Blatt spricht ich hierüber folgendermaßen aus: Die große Kunst Moscheles besteht darin, daß er ich auf diesem manchmahl so schönen, öfters langweiligen aber immer begränzten Instrumente einen so farbigen und nuancirten Styl erschaffen hat, als möglich. Moscheles zieht den Ausdruck des Gedankens den Force-Touren vor, eine Noten folgen ich in unglaublicher Geschwindigkeit, ohne daß dem Zuhörer dadurch nur eine verloren geht, und eine Compositionen zeichnen ich durch Originalität ohne Anmaßung, Kühnheit ohne Ausschweifung, und Glanz ohne Flitter aus. Moscheles singt auf dem Pianoforte. Er spielte ein Concert fantastique, nach welchem nicht nur das ganze Publicum, sondern auch das ganze Orches ter in ein enthusiastisches Beyfallklatschen ausbrach. Dann spielte er sieben Etuden, worin er zeigte, daß er in jedem Genre gleichgroß sey, dann folgte eine Phantasie: Les Souvenirs d’ Irlande, und endlich eine improvisirte Phantasie. Man gab ihm 3 Themate dazu, nähmlich: „Den letzten Gedanken Weber’s, ein Thema aus Robert le Diable, und eines aus dem Freyschütz; diese ließ der Meister erst allein hören, dann verwebte er sie zu dem herrlichsten Ganzen. Moscheles Concert war ein wahres Fest zu seiner Ehre.

The Musical World, vol.48 (March 26, 1870): 209.

[A critic G. wrote an article in honour of Moscheles’ death on 10 March 1870, and he quote Fetis in the following:]

I was at a concert at Brussels in the year 1835, when three themes were offered him for improvisation. Not content with choosing one out of three, he first of all treated each in succession, and then united the three in the most exquisite manner, giving them alternately in each hand, and making each accompany the oters, and all without the least hesitation, or a moment’s failure in the progress of the interest. The applause at the end of this extraordinary performance was something prodigious, and I confess that if I had not heard it, I could not have believed in the possibility of such a feat.